Les femmes peuvent-elles aussi devenir addicts au porno ?

La question anime les débats depuis plusieurs années : le porno peut-il être une addiction ? Est-il possible de « consommer » de la pornographie comme nous consommerions de la drogue ?

D’un point de vue scientifique, les addictions sont définies comme :

« Des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences délétères. »

Cependant tout le monde s’accorde sur certains points : les hommes regardent plus de porno que les femmes, Internet a augmenté et facilité le fait de pouvoir regarder des films pornos, et regarder un film porno n’est pas grave en soi.

Comment définiriez-vous un addict au porno  ?

Tous les acteurs (ex-dépendants, sexologues, psychologues, psychiatres, militants anti-porno, journalistes) impliqués dans la lutte contre l’addiction au porno s’accordent à dire que cette addiction se réfère à une bonne santé sexuelle. On retrouve ici l’idéal d’une sexualité relationnelle régulée, qui s’inscrit dans une relation de couple durable permettant une vie sociale « réussie ».

Le terme « porn addiction » a été inventé aux États-Unis dans les années 70 et 80 et importé en France à la fin des années 90.

L’addiction suppose d’avoir un manque lorsqu’on n’a pas accès à la pornographie. L’addict est préoccupé par cette envie incessante et récurrente de voir de la pornographie et cela peut impacter sa vie professionnelle, sa vie de couple, sa vie familiale. Il éprouve un besoin incontrôlable de regarder des vidéos pornographiques pour retrouver le plaisir que cela peut lui procurer sans aucune assurance (d’avoir le plaisir du début).
On constate chez l’addict une vie sexuelle dissociée, ainsi qu’une perte de contrôle, de temps et d’argent.

Pourquoi la dépendance au porno affecte-t-elle principalement les hommes ?

La pornographie est un genre visuel principalement destiné aux hommes hétéros ou homosexuels, mais les femmes représentent un public de plus en plus important.

La “dépendance au porno” a eu du succès dans les médias aujourd’hui. Pourtant, dans la littérature médicale, les émissions télévisées et les reportages consacrés à cette nouvelle “pathologie”, on parle peu des femmes. Peut-être en raison de leurs constitutions psychologiques ou hormonales différentes, on estime que les femmes sont exposées à la “dépendance à l’amour” plutôt qu’à la “dépendance au sexe”. Cependant, les femmes peuvent également devenir addicts à la pornographie.

Quels sont les signes de l’addiction au porno ?

On peut se poser 2 types de questions :

  • D’un côté, il s’agit de la question sur les pertes de contrôle : lorsque vous vous dites  «je reste juste encore quelques petites minutes» lorsque vous surfez sur un site porno. Restez sur ces pages plus longtemps que prévu initialement. Ignorez les tâches quotidiennes pour passer plus de temps sur le site X. Restée connectée tard sur ces sites au lieu d’aller dormir.
  • De l’autre côté, c’est la question du « craving » c’est-à-dire cette envie irrésistible de consommer le produit de son addiction et les problèmes qu’on rencontre alors dans sa vie sociale : passer du temps sur des sites pornographiques au lieu de sortir avec ses amis, ou de passer du temps avec ses proches. Cacher à ses proches que l’on passe du temps sur les sites pornographiques, et lorsque vous ne surfez pas sur un site porno, vous vous sentez déprimé, malade ou en colère, et que seul le fait de surfer vous fait vous sentir mieux.

L’addiction à la pornographie : prévenir et guérir

Outre les préoccupations des chercheurs concernant une meilleure définition de la dépendance au porno pour mesurer l’ampleur du problème, il existe aujourd’hui une double urgence de prévention et de traitement. D’une part, prévenir les dérives comportementales en aidant les personnes à reconnaître les signes que l’usage de la pornographie présente déjà certains aspects problématiques (perte de contrôle, pulsions…). Cela permet d’alerter sur l’effet renforçateur de leur comportement, la spirale de stimulation cérébrale du circuit de récompense (avec risque d’escalade) dans lequel ils sont engagés. La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) a fait ses preuves dans ce domaine.

Une autre urgence est d’apporter une solution à ceux qui ont ou souffrent déjà de problèmes. Autrement dit, cela leur donne un outil psychologique pour sortir de l’impasse. La TCC ne suffit pas et une approche globale par un sexologue ou un thérapeute est souhaitée. Cependant, personne ne se dit vraiment “accro”.

Mais se rendre compte qu’on a un problème est un premier pas, puis allez consulter dans un premier temps. Travailler avec des psychologues, sexologues ou addictologues par le biais de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour lutter contre la spirale de la dépendance pourra aider à prendre du recul par rapport au comportement et envisager de changer pour s’en sortir.

Avec les professionnels de santé, il s’agira d’évaluer le niveau d’addiction et les différents facteurs environnementaux, psychologiques et sexuels qui peuvent provoquer cette dépendance. Facteurs complémentaires ou possibles multi-dépendances (comportements, drogues…), influences sociales, professionnelles, de couple…

L’aide des proches et des conjoints, est un atout important pour sortir rapidement de cette dépendance, surtout si elle a un fort impact sur le couple.

Et bien entendu, comme pour toute dépendance, le sevrage sera éventuellement nécessaire.

Pour en sortir : éviter toute sexualité solitaire

Il faut apprendre à gérer ses pulsions, et ne plus se laisser déborder. Tout comme au fumeur à qui l’on déconseillerait de refumer ne serait-ce qu’une cigarette pour ne pas replonger, il faut s’interdire de regarder la moindre image pornographique.

Parce que la masturbation fait appel aux supports mentaux, aux fantasmes, et que ces derniers ramènent inlassablement au porno, il est impératif de s’interdire aussi d’avoir une sexualité solitaire. De peur que la masturbation ne refasse retomber dans l’addiction.

Il n’est pas dit que tous les porno-dépendants doivent s’obliger à cette même abstinence pour décrocher, mais cela peut s’avérer utile et nécessaire. Il ne s’agit point de prôner une censure de la pornographie ou de la masturbation. Il s’agit juste d’alerter sur les écueils du porno et d’aider les personnes qui n’arrivent pas à s’en sortir alors qu’elles le voudraient de toutes leurs forces.